Et soudain la terre s’est tue
Rues bâillonnées, pas feutrés
Et bouches cousues
Villes soudainement étouffées
Campagnes assourdies
Dans un silence cantonné
Quand les avions replient leurs ailes
Seuls les oiseaux chantent en liberté
Le saviez-vous
Un ennemi commun nous est né
Une sorte d’étrange petite bête
Qui n’a rien d’un ange envoûté
De taille que l’on dit infinitésimale
Révisant ses multiplications à l’infini
Cherchant sans relâche à diffuser le mal
Se logeant au creux de nos poumons
Oui le poumon, vous dis-je
Covid 19 nom d’un bolide qui roule
Sans crier gare jusqu’au vertige
A beaucoup trop grande vitesse
Alors qu’on a désormais le temps
Il est trop avide, le Covid
Il nous viendrait de Chine passant par la Corée
Puis l’Europe, l’Italie avec voracité
Allemagne, Espagne et Portugal contaminés
Un grand sens du partage
Parfaitement mondialisé
Pour la sale petite bête nulle frontière
Première escale en France
Aux Contamines - Montjoie
Drôle de signe avant-coureur
Qui en février nous a offert le billet
Pour un long voyage immobile
Allez les enfants, rentrez vite à la maison
Vous déclinerez au présent et au futur le verbe confiner
Forme pronominale ou voix passive
Je me confine mais es-tu vraiment confiné ?
Je sais vous n’êtes pas habitués
On espère juste y arriver avant l’été
Allez une vie nouvelle on va s’inventer
Et soudain la terre s’est tue
Seules les bouches au téléphone émues
Se délient, allo, t’es là ?
Oui je suis chez moi, moi aussi
Quelle coïncidence
Alors, comment va la vie arrêtée
Eh bien mon imaginaire se met à la danse
On pense aussi à vous, malades dans vos lits fiévreux
Entourés d’une blanche armée sanglée dans des blouses
L’armée vaillante peine hélas à avancer masquée
Elle assure, ploie parfois mais ne rompt pas
Chantons pour eux à gorge déployée
Déployée oui, mais très, très éloignée
Pour tenir bon sans être gagnés par le blues
Serrons nos mains et même de loin
Pour étendre la solidarité
Et soudain on entendra dans tous les coins
La terre petit à petit se réveiller …
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